Réuni en session extraordinaire à l’effet d’examiner la situation née de la convocation, de l’inculpation et de l’incarcération de notre camarade Abdoulaye SEYDOU, Président du Réseau Panafricain pour la Paix, la Démocratie et le Développement (REPPAD) et coordonnateur national du M62 à la prison de haute sécurité de Kollo depuis le lundi 23 janvier 2023.
En effet, le REPPAD avec d’autres structure sœurs, à travers le mouvement M62 ont engagé un certain nombre d’actions citoyenne en faveur de la dignité et de la souveraineté du peuple notamment des conférences de presse, des marches pacifiques et des journées de sensibilisation citoyenne, apparemment ce qui est dérangeant dans notre nouvelle démocratie ;
Aussi, Suite aux évènements dramatiques survenus sur le site aurifère de Tamou le 24 Octobre 2022, le REPPAD, dont l’un des axes principaux est la défense des Droits Humains avait décidé de mener une enquête terrain avec d’autres structures membres du Mouvement M62 pour faire la situation des Droits Humains.
Pour rappel, le M62 est une coalition de structures de la société civile légalement reconnue dont le REPPAD assure la Coordination avec comme objectifs de lutter contre la cherté de la vie, la hausse du prix du gasoil, l’installation des bases militaires étrangères, l’impunité et l’injustice.
Alors quoi de plus normale, qu’au lendemain des évènements de Tamou, que le M62 s’appuyant sur les dispositifs de plainte du REPPAD ait lancé un appel à témoins afin de permettre aux survivants et aux parents de victimes d’alerter par rapport aux pertes en vies humaines, disparitions et blessées dont ils sont victimes.
Ainsi, après la publication de l’appel à témoins, le camarade Abdoulaye Seydou avait fait l’objet de plusieurs interpellations suivies d’auditions au niveau de la police judiciaire avant de se voir présenter devant le procureur de la république qui a engagé une poursuite contre notre camarade pour ‘’production, mise à la disposition du public et diffusion de données de nature à troubler l’ordre public, en l’espèce saper le moral de l’armé en chargeant l’institution militaire de carnage à Tamou’’.
C’est ainsi qu’après plusieurs reports, à la demande de la partie civile, contrairement à ce que Mr le procureur aurait annoncé lors de sa sortie lamentable à la télé nationale, le procès s’est ouvert le lundi 23 janvier 2023 au Tribunal de Grande Instance Hors classe de Niamey pour le jugement de ladite affaire. A l’ouverture du procès après l’appel des témoins à la barre, l’avocat de l’Etat du Niger et le ministère public ont tous affirmé abandonner la poursuite contre le camarade Abdoulaye SEYDOU. Ainsi, à sa demande, notification lui a été faite par le Président du Tribunal qu’il n’est plus poursuivi dans le cadre de cette affaire.
Surprise fut la nôtre de constater la volonté manifeste de la police de prendre manu militari le camarade Abdoulaye SEYDOU sur ordre dit-elle du procureur de la république sans aucun mandat.
Ce n’est qu’après l’échec de cette tentative qu’une convocation lui a été remise pour se présenter au cabinet du procureur de la république. Sans même qu’il soit entendu par le procureur, un nouveau dossier fut ficelé et introduit auprès du Président du Tribunal qui a aussitôt saisi le doyen des juges à cet effet. Ce dernier qui a reçu le camarade Abdoulaye SEYDOU en présence de ses avocats lui a notifié le chef d’accusation de ‘’complicité d’incendie sur le site de Tamou’’ puis l’a inculpé et mis sous mandat dépôt à la prison de haute sécurité de Kollo.
Au regard de tout ce qui précède le REPPAD :
- Constate avec amertume que de 2017 à nos jours une stratégie bien connue contre les acteurs de la société civile qui dénoncent et alertent des cas de détournement de deniers publics, de mauvaise gouvernance, de violation des droits humains…, font systématiquement l’objet de harcèlement, d’intimidation et d’incarcération avec comme chef d’accusation ‘’complicité d’incendie volontaire’’.
- Constate l’instrumentalisation de la justice pour assouvir des desseins inavoués ainsi que la volonté manifeste des autorités de la 7e république de faire taire toute voix dissidente.
- Constate la persistance de la mauvaise gouvernance, des détournements des deniers publics, de la mise entre parenthèse des libertés fondamentales et des droits humains.
- Réaffirme son engagement à continuer sans relâche aux côtés des populations son combat pour la démocratie, la bonne gouvernance, le respect du principe de la séparation des pouvoirs, le respect des droits humains, la souveraineté et la dignité du peuple.
- S’engage à poursuivre les investigations sur le drame de Tamou afin de faire toute la lumière sur cette affaire.
- Exige le départ sans condition de toutes les bases militaires étrangères de notre territoire et apporte son soutien aux FDS dans leurs nobles missions de défense et de sécurisation de l’intégrité du territoire national.
- Lance un appel à l’endroit de tous les citoyens épris de paix et de justice à se mobiliser pour une justice libre et équitable au service exclusif du peuple.
- Condamne le refus des autorités judiciaires de délivrer des permis de communiqué à toute personne, même ses frères et sœurs, en dehors de ses parents biologiques et de son épouse en violation fragrante de son droit à recevoir des visites.
- Et enfin, exige la libération sans condition du camarade Abdoulaye SEYDOU injustement incarcéré au camp pénal de Kollo et tient pour seul responsable les autorités de la 7e république de tout ce qui lui adviendra.
Fait à Niamey le vendredi 27 janvier 2023
Le camarade Chargé à la Communication
Zakariaou Morou Yayé